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Éloge de la lenteur

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Éloge de la lenteur

Messagepar envers » Mar Juin 15, 2010 11:01 pm

Aujourd'hui, je n'ai pas fait grand'chose — mais je l'ai fait avec plaisir. Oh, ce n'était rien, trois fois rien. Seulement quelques HLM en enfilade. Cela faisait quelques semaines que je les prendrais bien en photo, ces pâles bâtiments, que borde un grand terrain vague herbeux l'été, boueux l'hiver, pourvu que le temps soit plutôt blanc. Aujourd'hui, croyais-je, j'imaginais avoir la bonne couleur, le bon éclairage. Comme si Soleil et nuages travaillaient pour moi. Évidemment le ciel a ses caprices qui ne correspondent pas toujours aux miens. Et il suffit de parcourir quelques kilomètres en train pour que mon paysage imaginé soit trop ensoleillé.
Bah ! Qu'importe ! J'étais là... Autant faire quelque chose. D'abord s'installer, ouvrir le sac à dos, assembler tous les éléments, le vent dans le dos pour protéger un peu le matériel des poussières. D'abord la poignée, ensuite le prisme. Allumer. Cadrer.
Ah non, tiens, cadrer, ça ne marche pas. Trois pas en arrière, quatre kilos dans les mains. Deux, trois, vingt pas sur la droite, le sujet bien au centre à cause de la parallaxe. À ras du sol ? Non ? Debout, accroupi ? Ah ! Tiens, mon matériel vient de prendre deux kilos, ai-je l'impression. Je ne déclenche toujours pas. J'ai mis du 110 dans mon 67. Ça fait quoi ? Souviens-toi : dix poses ? Ne pas gâcher. Deux pas en arrière, trois pas sur le côté. Mh. Comme je n'ai pas de bascule sauf dans ma tête, optons pour une optique plus longue : il y a de la place pour le recul. Et, surtout, il y a le temps. 180 mm. Ah oui, c'est mieux, un peu trop serré tout de même... Tant pis pour ce que j'avais imaginé, improvisons lentement. Marchons jusqu'à l'exact endroit. Qui se trouve exactement, probablement, entre ici et trois mètres plus loin. Que cette distance serait courte en numérique ! Quelle est longue au moyen-format ! Ça pèse sur le bras... Est-ce de savoir que je n'ai que quelques poses à disposition, est-ce le poids qui ajoute à la solennité : je n'ose, pour tout dire, pas déclencher sans juger au préalable que tout est parfait.
Je jurerais maintenant que mon appareil pèse 223 kilos. Mais, l'instant d'après, c'est oublié : j'ai déclenché sans presque y penser ! Comme si une fois que tout a été pesé et soupesé, une fois que tout apparaît agencé, il n'y avait plus rien à penser : c'est le doigt qui sait.
Une demi-heure, une heure, je ne sais plus. Mais une photo. Il m'en reste neuf autres à faire : ça peut prendre du temps. Hé bien, je le donnerai.
Je suis reparti sans aucune pensée. Ah si, une m'a traversé, dix minutes après. J'avais fait confiance à la mesure de la cellule pour l'exposition. Je voulais surexposer. Oublié. Obligé d'y retourner, une prochaine fois. Mais maintenant je connais l'exact endroit. Pourtant je sais que je marcherais tout autant pour retrouver le parfait centimètre carré.

À l'arrivée, je crois que ma photo sera moyenne, plutôt banale... mais quel plaisir !
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Re: Éloge de la lenteur

Messagepar analogic.man » Mer Juin 16, 2010 6:11 am

Comme dit Nicolas !
Remarque, ça m'est déjà arrivé, mais pas une heure !
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Re: Éloge de la lenteur

Messagepar alexandre » Mer Juin 16, 2010 8:24 am

Ton éloge de la lenteur est une petite "claque" dans la tronche d'un ancien "numériste" ... Je me retrouve pas mal dans cette description du tâtonnement pour finalement n'arriver à rien. J'ai toujours mis ça sur le compte de la pression du coût que représente chaque déclenchement ... Avant (Jadis, autrefois, lors de temps immémoriaux ...) je ne réflechissais pas, enfin pas autant. Je cadrais certes mais je ne construisais pas l'image dans le dépoli. Je déclenchais et une fois l'image apparu sur le dos de mon numérique, je l'analysais et si le cadrage n'était pas "bon" (disons pas terrible, car je doute avoir une fois dans ma vie opté pour un cadrage parfait), je redéclenchais après m'être déplacé.
C'était un autre exercice, que je ne renie pas évidemment, car il me permettait et il me permet toujours avec le recul, de réfléchir en temps réel à la pratique de la composition ...

Alors pour en revenir à ton propos, plus que l'éloge de la lenteur, j'ai tendance à dire que tu fais l'éloge de travail bien fait mais pas vite fait .... c'est ça la grande leçon de la pratique argentique ... un rapport au temps et au travail totalement en rupture avec l'époque actuelle.

c'est marrant mais je suis en train de lire un bouquin d'un ancien "penseur" américain qui du jour au lendemain a plaquer son travail dans un "Think Tank" pour ouvrir un atelier de réparation de moto ...

je trouve que les deux propos se rejoignent ... je vous conseille de lire ce livre : "Eloge du carburateur : essai sur le sens et la valeur du travail" de Matthew Crawford.

Je pense que beaucoup d'entre vous ici s'y retrouverons ...
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Re: Éloge de la lenteur

Messagepar envers » Mer Juin 16, 2010 9:11 am

J'avais souvent lu que l'argentique, en comparaison avec le numérique, induisait un autre rapport au temps. Honnêtement, ça me faisait l'effet de l'eau sur les plumes d'un canard : ça me glissait dessus sans laisser de traces.
Mais maintenant je le reconnais : quelque chose de fondamental et fuyant change dans l'acte photographique.
Personnellement je ne songe pas au coût du déclenchement. Mais il est possible que cet aspect inconsciemment joue. Parce que, oui, pour moi qui ne développe, il y a un coût élevé. 20 € le développement plus la planche-contact. 20 € le droit de regarder ce que j'ai fait (pour du 220). Ça fait une somme.
Mais il y aussi que chaque contrainte, chaque réglage aura un impact énorme sur la photo. Une photo faite en argentique ne pourra pas être refaite. Parce que, justement, on ne peut pas contrôler en direct. Alors, oui, on fait plus attention à tout. Est-ce que ça améliore la qualité des photos ? Aucune idée, je n'ai pas le recul nécessaire. Mais je pense qu'on s'en fiche, l'intérêt n'est pas là. L'intérêt est qu'on n'a pas la même disposition d'esprit. En se changeant soi, on change ses photos. Ce n'est ni mieux ni moins bien.
Je crois que mon attrait grandissant pour l'argentique vient de mon attrait des possibilités du numérique. En numérique, je fais prends mes photos et les développe quasiment immédiatement après (quand je peux). Il y a une immédiateté que j'adore. Mais qui parfois me donne un peu la nausée, ou le tournis. Parce que choisir entre des dizaines de clichés, ça peut fatiguer, voire lasser. Je peux, du coup, passer à côté d'une photo qui m'aura satisfait si je n'en avais tant regardé.
Un jour, un mec m'avait dit "En réalité on prend une photo en trois fois. Lorsqu'on presse le déclencheur, lorsqu'on la choisit, puis lorsqu'on l'a fait tirer." Je pense que l'argentique, ne serait-ce qu'en rendant le déclenchement plus rare, redonne plus d'importance au choix.
Ce sont deux pratiques qui, chez moi, ne s'exclue pas. Chacun ses avantages et inconvénients, qu'on choisit suivant son humeur, ses envies. On choisit la forme de son bonheur, voilà tout.
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Re: Éloge de la lenteur

Messagepar Pinkpanthart » Sam Jan 29, 2011 6:10 pm

bonjour,
je suis tombé par hasard sur un sujet sur le net, qui date de 2007: 7 raisons pour utiliser un Rolleiflex au 21ème siècle !.
La personne y parle de cette lenteur- "L'appareil à 2 de tension"-, et cela m'a fait repenser à certaines personnes que j'ai croisées depuis cet été, équipées de reflex numérique, qui font des photos à tout va, d'une situation pas forcément géniale photographiquement parlant, pour lesquelles on aurait pu se contenter d'un compact à 4 mégapixels. Chacun est libre mais ce sont en général des photos qu'on fait vite, qu'on regarde vite sur l'écran et restent au fond d'une mémoire ou sont effacées aussi aisément qu'elles ont été prises. C'est vrai que moi aussi je voulais acquérir un tel appareil mais c'est parce-que le compact que j'ai ne me permet pas de travailler les images comme je veux, en ambiance studio ou autres. En revenant à l'argentique je redécouvre ces aller-retours qu'on fait avant de déclencher, mais surtout le plaisir d'aller découvrir un site de prise de vue, de tenter quelques images et de revenir. Là on s'implique vraiment dans ce qu'on fait, surtout que je développe moi-même. Il est vrai qu'en moyen format on fait un peu plus attention, alors qu'en 24x36 on se permet de doubler au cas où.
C'est sûrement une façon de faire des photos d'un autre temps, mais dans ce domaine, est-il vraiment bon d'aller à 200 à l'heure?
PPH.
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Re: Éloge de la lenteur

Messagepar analogic.man » Sam Jan 29, 2011 6:20 pm

Et c'est aussi dans cette lenteur que le sujet vient chercher sa profondeur, sa force. Il est rare de réussir à produire un bon travail issu de photos prises à la va-vite. La qualité va, à mon sens, chercher tout son être dans la patience et l'amour porté au travail qu'on réalise. Bien sûr, pas besoin d'un argentique pour ce faire, un numérique le permet aussi. Mais j'ai remarqué que même le plus passionné des photographes ne pourra pas s'empêcher de faire certaines photos un peu trop vite, sans trop de réflexion. C'est aussi pour cela que j'ai décidé que dorénavant, mes travaux couleurs pour l'école ne seront plus réalisés au numérique mais en négatif, pour garder cet approche chaleureuse et passionnée qui me manque tant dans la froideur des pixels...
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Re: Éloge de la lenteur

Messagepar jp37 » Sam Jan 29, 2011 6:30 pm

envers, tu à parfaitement illustré les raisons qui m'ont fait abandonner le numérique pour l'argentique.
Je ne m'y retrouver plus dans cette profusion d'images prises en me disant je verrais après :(
Depuis de mois d'argentique j'ai du faire l'équivalent de ce que je faisais en une journée, je parle edes derniers temps où j'avais réduit mon quota de prises de vues.
Je traitais mes images dans la foulée, maintenant le fait d'attendre d'avoir fini la bobine, de trouver le moment pour la développer, tout cela rend l'instant de la découverte des négatifs encore plus exaltant :) et je parle pas du moment du tirage ;)
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Re: Éloge de la lenteur

Messagepar Pinkpanthart » Dim Jan 30, 2011 11:49 am

Cette dernière remarque est très vraie, là il ne s'agit même pas de comparaison de qualité, mais la magie de l'image qui monte tout à coup sur la feuille jusqu'ici blanche.
PPH.
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